jeudi 31 décembre 2009

Introduction soirée 10.12.07

SOUFFRANCE AU TRAVAIL … TRAVAIL EN SOUFFRANCE…


Au nom des trois collectifs présents à cette table, le CERReV, l’APPEL des APPELS de CAEN et le CRIC, je vous souhaite la bienvenue à cette soirée débat consacrée à la souffrance au travail, en présence de Patrick COUPECHOUX, journaliste et auteur de l’ouvrage intitulé « La déprime des opprimés ».

Comme vous le préciserons dans quelques instants, Alexandra VETILLARD et Etienne ADAM, membres du comité caennais de l’APPEL des APPEL, cette soirée s’inscrit dans la suite de la matinée du 20 juin dernier, première rencontre de l’APPEL de CAEN, et où des professionnels des secteurs sanitaire psychiatrique, de la justice, de l’école, de l’université, de l’éducation, de la Ligue des Droits de l’homme avaient successivement pris la parole pour témoigner de leurs difficultés à exercer au quotidien leur travail et dire leur désaccord sur les constructions sociétales actuelles et à venir, notamment sur le rapport à la marchandisation appliqué à la dimension humaine.

Cette soirée s’inscrit dans cette suite, mais aussi dans la perspective de nouvelles rencontres qui, je l’espère, prendront forme dans les mois à venir, sous la forme de soirées comme celle-ci consacrée à un thème dont l’APPEL des APPEL, dans sa diversité et son ouverture, peut conduire vers une réflexion et un travail collectif.

La souffrance au travail…le travail en souffrance… ces deux formulations sont cœur de l’actualité quotidienne au point où l’on pourrait croire cette réalité toute nouvelle, à l’image si vous me permettez le rapprochement, d’une « maladie épidémique » dont les symptômes et les passages à l’acte tragiques sont la résultante d’une contamination récente, et dont la crise économique serait le terreau. Il n’en est rien et les problématiques actuelles s’originent dans le sens et la manière dont les organisations du travail ont évolué depuis les années 70.

S’il est vrai que la notion de souffrance et de travail sont inhérentes à la condition humaine et à la question même du sens du travail, la question déborde aujourd’hui ce rapport structurel. Depuis les années 90, nous assistons à une multiplication des problématiques liées au travail, à l’apparition de nouvelles formes de pathologies, surtout à une croissance de passages à l’acte notamment suicidaires, qui surviennent dans des contextes comme le soulignait DURKHEIM, de perte de sens du travail et d’individualisation extrême de la personne. Vous le savez, ces passages à l’acte se sont multipliés en 2009, au point où les médias s’en sont saisis et ont permis aux personnes victimes de prendre la parole et de dire la maltraitance exercée au quotidien.

Certains professionnels, de leur place d’observateurs, avaient alerté les autorités dès les années 90, au moment où la logique managériale et la machine à cash commençaient à s’emballer, notamment Christophe DEJOURS, psychiatre et psychanalyste, l’une des têtes de file du mouvement de psychodynamique du travail. Depuis, ce mouvement, ainsi que d’autres observateurs, ont multiplié les travaux d’analyse dans de nombreuses entreprises et secteurs. C’est malheureusement à la lumière de ces drames, qu’il est aujourd’hui possible de dire les rapports directs entre l’organisation néolibérale du travail et la pathologie. Derrière ces organisations se cachent des enjeux essentiels et des volontés conscientes : le pouvoir, le profit, l’individualisme et le contrôle social.

Il faut aussi souligner que cette vision exclusivement productive et managériale du travail a conduit, comme dans bien d’autres domaines, vers une lecture unique et quelque peu simpliste de la dimension du travail dans toute sa complexité humaine. Comment pouvons-nous situer le travail social et le travail de soin du côté de la logique marchande ? Comment situer le travail du rêve, du travail de deuil, de toutes ces formes non productives de travail dit négatif, invisible ? Où est passé notre arrière-pays de pensée et de références qui alimentaient la conflictualisation des rapports de force et de classe au sein d’une collectivité. TOSQUELLES, l’un des pionniers de la PI, rappelait sans cesse qu’une institution, quelle qu’elle soit, ne peut faire l’impasse d’une analyse institutionnelle pour accueillir l’autre dans sa souffrance et sa singularité. Et l’analyse institutionnelle n’est pas une psychanalyse de l’institution mais bien une analyse concrète des rapports hiérarchiques et organisationnels qui structurent cette institution. Quelle place est faite à ce travail qui est l’affaire de tous dans les entreprises actuelles ? Il est tout simplement contrôlé jusqu’à ce qu’il disparaisse, y compris dans la dimension syndicale.

Pour lutter contre cette homogénéisation massive, contre cette pensée unique, contre ce réductionnisme généralisé dont on devine bien la finalité normative et le projet de servitude volontaire auquel nous sommes conviés, le mouvement de l’APPEL des APPEL s’est constitué et travaille aujourd’hui dans le sens d’une résistance à ces organisations managériales et surtout dans la restauration des liens collectifs et des solidarités.


Patrick COUPECHOUX est journaliste et a travaillé pour plusieurs journaux dont le Monde Diplomatique. Lorsqu’en 2006, son ouvrage « Un monde de fous » parait, il créé la surprise dans la communauté psychiatrique, la surprise de voir un journaliste dire tout haut ce que certains n’osaient dire. A savoir que depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont participé à démanteler la psychiatrie publique au point où la diminution des lits d’hospitalisation conduit à une carence de soin, où les hospitalisations sous contrainte se multiplient, où de nombreux malades sont aujourd’hui dans la rue, en prison ou mort par défaut de soin. Ce qui nous a frappé dans le style de Patrick COUPECHOUX, c’est aussi la manière dont il procède pour dire ce constat terrifiant et déshonorant : quelques chiffres, mais pas de statistiques, surtout des témoignages de professionnels, de patients, souvent bouleversants et une articulation constante à l’histoire et aux pratiques élaborées par les soignants. Il a su montrer que la psychiatrie n’était même pas née qu’elle était déjà écrasée. A peine la révolution désaliéniste de l’après-guerre est-elle engagée, à peine le secteur psychiatrique dont la finalité est de construire un maillage de soin adapté à la géographie et à ses habitants, à peine la psychanalyse se penche-t-elle sur le soin aux personnes psychotiques que déjà des mesures règlementaires et formelles ramènent la psychiatrie à une période asilaire, à une période où l’on voit le sinistre couple, misère et folie cheminer à nouveau ensemble.

Cette prise de position de COUPECHOUX l’a amené à rencontrer les professionnels du soin psychiatrique, notamment les résistants actuels, ceux qui se battent encore pour une certaine idée du soin psychique ; bien sûr les plus médiatiques, OURY, DELION, mais aussi les équipes qui ne baissent pas les bras malgré les attaques comme à REIMS, à LANDERNEAU ou ici à CAEN, au Foyer Léone RICHET ; aussi et surtout ceux qui, sous les contraintes imposées par leur administration, ont du suivre, faire avec, composer mais qui rêvent et se battent silencieusement et souvent seuls pour une autre psychiatrie.

Dans ce premier ouvrage, Patrick COUPECHOUX interroge bien sûr la question des conditions de travail, les moyens humains mis à disposition, la formation des professionnels. On ne fait pas de la psychiatrie sans des hommes formés, engagés et disponibles à accueillir la souffrance de l’autre. Il était en quelque sorte logique que dans un second temps, il s’intéresse au travail au-delà de la question du fou et des murs de l’asile. C’est-à-dire dans notre quotidien, de tout à chacun. Un quotidien qui ne cesse d’être aux prises avec les contraintes, la règlementation, l’administration. Une vie quotidienne où l’individualisme peut, sous l’effet de la peur et des logiques sécuritaires, détruire les solidarités qui font lien.

Alors COUPECHOUX s’est tournée vers ces lieux, ces entreprises, qui cultivent une certaine idéologie du travail managérial et considère l’homme comme un élément quasi insignifiant d’un système où l’essentiel repose sur la production de bénéfices. Il s’est tourné aussi vers ces pathologies dites du travail, trop longtemps méconnues et vers les professionnels qui les accueillent et tentent de les soigner. Une enquête minutieuse nous est donc proposée, un texte parfois douloureux à lire au point où l’on se demande parfois si ces témoignages sont réels. Ils le sont et l’actualité de cette année est venue le confirmer.

Cette analyse amène Patrick COUPECHOUX à des questions essentielles : le sens du travail, le sens du lien social et des solidarités, la place de la folie dans notre société, la dimension du sujet dans un monde de fous.

Je lui passe la parole.

Pascal CRETE



Appel des Appels de Caen Notre démarche

Je vais vous parler de comment est né notre collectif, l’appel des appels de Caen. Ce collectif est né d’une réflexion émanant du CRIC , Collectif de rencontres institutionnelles caennais. Ce groupe se réunit une fois par mois et rassemble des personnes qui travaillent dans les institutions sanitaires et sociales de Caen et de ses environs. Ces rencontres mensuelles permettent de partager des expériences professionnelles et institutionnelles, mais aussi d’écouter des interventions prononcées dans des colloques ou de séminaires, rapportées par les membres du C.R.I.C. afin d’engager une réflexion collective sur ces interventions. Le CRIC s’inscrit dans le mouvement de la psychothérapie institutionnelle qui nous amène à réfléchir sur les aménagements organisationnels ou institutionnels qui permettent que l’humain, le sujet, reste au cœur du dispositif de soins. C'est-à-dire comment on soigne les lieux de soin pour permettre le soin des personnes.

On voit combien les politiques publiques s’invitent au débat. En effet nos secteurs sanitaire et médico-social répondent à des missions de service public et sont donc directement visées par ces politiques publiques. Ces derniers temps il semblerait que celles-ci reflètent une profonde mutation et mettent à mal le sens et les valeurs de notre travail.

Les multiples réformes concernant nos différents secteurs professionnels tels que l’hôpital, la prison, l’éducation, la culture, l’université, la justice, les services publics, semblent nous imposer de plus en plus une logique gestionnaire, manageriale, où la performance, l’efficacité, le résultat priment.

Nous avons pu le constater au sein du CRIC, où nos réunions étaient de plus en plus envahies par nos difficultés à continuer d’accompagner les personnes dans leur singularité au plus près de leur subjectivité. Et donc de faire notre travail ! Nous avions le sentiment de perdre le sens de nos missions et nous nous interrogions sur nos possibilités de résistance et de créativité dans un tel contexte. Nous avions d’ailleurs organisé la journée nationale de psychothérapie institutionnelle à Caen sur ce thème en mars 2008.

La question du politique s’imposait plus que jamais à nous et comme nous le rappelle Jean Aymes : la psychothérapie institutionnelle se doit de marcher sur ses deux jambes : l’une psychanalytique, l’autre politique. Rappelons aussi que le mouvement de psychothérapie institutionnelle advient au lendemain de la seconde guerre mondiale dans un contexte socio-historique particulier.

Par ailleurs le contexte social du début 2009 empreint d’une crise socio-économique profonde, de mouvements de grève générale, nous amenait à penser que nos réflexions mensuelles ne concernaient pas que nos secteurs de travail, mais témoignaient d’une dynamique plus globale qui s’étendait à la société. Parallèlement, des collectifs nationaux tels que la Nuit Sécuritaire l’Appel des 39 dénonçaient la logique sécuritaire et gestionnaire émanant des différentes réformes. Pour illustrer, pensons au discours de Sarkozy relatif à la psychiatrie à Anthony, en Décembre 2008 (bracelets électroniques, caméras de surveillance et hauteur réglementaire des murs mais rien sur le soin et la souffrance).
C’est dans cette dynamique qu’est né le comité local interprofessionnel de l’Appel des appels de Caen.

Il s’agissait d’ouvrir un espace de réflexion sur nos valeurs professionnelles, témoignant d’un besoin, d’un désir de parler, d’échanger ; dépasser les frontières des disciplines, des statuts, des secteurs, dans une démarche non plus seulement professionnelle mais bien citoyenne. Il nous paraissait urgent de lutter contre l’isolement corporatiste, le repli sur soi et l’individualisme ambiant.

Nous avons rédigé une lettre afin de partager nos réflexions que nous avons décidé de diffuser lors de la manifestation générale de mars dernier. Nous proposions à tous une rencontre pour en échanger. D’autres personnes ont rejoint et enrichi notre collectif, lui donnant tout son sens. Etienne en faisait partie. Je lui laisse la parole pour vous parler du forum du 20 Juin, première manifestation de l’appel des appels de Caen.

Je suis, comme d'autres ici, dans une autre démarche initiale et dans un autre champ professionnel, celui du travail social. Militants dans le comité de veille du Social nous avons choisi de rejoindre l'Appel des appels : nous avions avec le collectif anti délation mené la bataille contre la loi « prévention de la délinquance qui instrumentalisait les travailleurs sociaux pour de besognes d'informateurs de police. Notre dernière intervention avait porté sur l'analyse de la remise en cause de la convention collective de 1966 comme outil juridique du management néolibéral dans le secteur.
A tous, dans l'ensemble des champs professionnels qui n'étaient pas traditionnellement dans le champ de la marchandise, de la concurrence, mais dans la gestion des relations entre les hommes et la société. il nous paraissait, de façon plus ou moins claire, qu'un certain nombre de pratiques ( gestionnaires, administratives, financières mais aussi sécuritaires ...) pesaient de plus en plus lourd sur l'exercice de nos professions, attentaient directement à nos pratiques, à nos identités, à notre culture professionnelles.

Ces remises en cause ne posent pas seulement des problèmes « techniques » mais remettent en jeu, une certaine façon de concevoir l'être humain, une certaine manière de concevoir le vivre ensemble.
Il ne s'agit pas d'une « querelle d'allemands » entre la psychothérapie institutionnelle et la psychiatrie comportementaliste mais bien d'un débat de société, d'un débat politique au sens premier.

Nous avons donc conçu la journée du 20 juin pour « penser ensemble la façon dont on peut résister aux logiques formelles actuelles et garantir la spécificité du travail dans le champ humain ».

Pour cela nous avions prévu 2 types d'interventions :
des interventions à portée générale l'une sur la notion de service public ou de service d'intérêt général et les enjeux des propositions de l'Union européenne, l'autre sur l'avancée du sécuritaire, de la société de surveillance aux détriments des droits de l'homme.
des interventions de secteurs différents en espérant que ce dégage des convergences qui puissent faire naître un débat commun. Il nous a manqué la culture et les salariés de Pôle Emploi.

Les trop courts débats de ce samedi matin nous ont amené à nous centrer sur des thèmes plus précis pour que puisse mieux se développer le débat, et les témoignages indispensables pour progresser ensemble .

Malgré ses défauts (trop d'intervenants peut être trop techniques..), cette forme table ronde était un passage obligé pour montrer les convergences entre des secteurs des intervenants qui n'ont pas l'habitude de « faire ensemble »

Ce qui ressort c'est la violence, la « barbarie douce » de ce néolibéralisme. Quelqu'un demandait le 20 juin s'il ne serait pas plus judicieux de parler de totalitarisme que ne néolibéralisme. Même si ce terme a été largement galvaudé, la question ne peut être balayée d'un revers de la main devant :

- la violence faite aux usagers :la question du sécuritaire, de la politique de la peur qui impacte, instrumentalise l'ensemble de nos professions et non pas uniquement celles qui sont directement confrontées à la gestion directe de ces « populations dangereuses ».
- la violence faite aux salariés : les « nouveaux modes de gestion » importés de l'entreprise capitaliste néolibérale. Qu'en est il de l'introduction de l'évaluation, du management par objectifs chiffrés dans des métiers où le rapport aux personnes, à la création, à la production intellectuelle ou culturelle? Quels effets dans ce travail qui ne peut se laisser réduire à du quantifiables sans s'interroger sur les termes mêmes de cette quantification?

Sur ces 2 terrains, le sécuritaire et la réduction quantitative de l'humain, nous avons collectivement la double responsabilité professionnelle (expertise à partir de nos savoirs) et citoyenne (au nom des valeurs qui sous tendent nos pratiques) d' alimenter le débat public sur ces questions.

La rationalité du mode gestionnaire que nous affrontons aujourd'hui, entraîne aujourd'hui la mutation difficile de l'identité professionnelle et la souffrance , le mal être au travail qui en découle.

Cette rationalité présenté comme la seule possible, ne doit elle pas être elle même interrogée à partir de ces difficultés, de la souffrance des crises de professionalité ?

Bien sûr, la souffrance venue sur le devant de la scène médiatique avec le suicides à France-Télécom, Orange, a précipité ce choix.

Nous vous proposons ce soir de nous , de vous interroger au delà de la souffrance au travail sur le travail en souffrance, c'est à dire sur la souffrance particulière que fait subir le management néolibéral, la nouvelle discipline néolibérale du travail.

Etienne Adam


En effet, Patrick Coupechoux, dans son dernier ouvrage « La déprime des opprimés », réussit le pari de la transversalité et de l’hétérogénéité. Cette enquête donne la parole à ceux qui souffrent et ceux qui soignent « des cadres de multinationales, des ouvriers, des médecins du travail, des psychiatres, des syndicalistes… ».

Coupechoux témoigne de la souffrance au travail mais plus encore analyse celle-ci en interrogeant l’organisation même du travail comme en partie responsable de la disparition des collectifs, la mise en concurrence des individus, la précarité et l’exclusion. Il semble que sa démarche, du témoignage vers l’analyse, vers la revendication de postures éthiques, citoyennes assumées nous montre combien le constat (souvent assimilé à la plainte) est nécessaire et comment le collectif c’est à dire les échanges, les liens, les rencontres qui le fondent permette une transformation de ce constat ouvrant de véritables espaces de pensée teintés de résistances et de créativités.

De plus, le précédent livre de Patrick Coupechoux, « Un monde de fous », (mais de quels fous parle-t-on ?), met en lumière la façon dont la société maltraite ses malades mentaux. Sa démarche journalistique singulière nous montre combien la psychiatrie, véritable fenêtre sociale, amène des réflexions plus larges… Ce chemin parcouru par Coupechoux, de la psychiatrie vers la société, n’est pas sans nous rappeler comment est né le collectif qui nous rassemble aujourd’hui.



Alexandra SOUFFRANCE AU TRAVAIL …
TRAVAIL EN SOUFFRANCE…


Au nom des trois collectifs présents à cette table, le CERReV, l’APPEL des APPELS de CAEN et le CRIC, je vous souhaite la bienvenue à cette soirée débat consacrée à la souffrance au travail, en présence de Patrick COUPECHOUX, journaliste et auteur de l’ouvrage intitulé « La déprime des opprimés ».

Comme vous le préciserons dans quelques instants, Alexandra VETILLARD et Etienne ADAM, membres du comité caennais de l’APPEL des APPEL, cette soirée s’inscrit dans la suite de la matinée du 20 juin dernier, première rencontre de l’APPEL de CAEN, et où des professionnels des secteurs sanitaire psychiatrique, de la justice, de l’école, de l’université, de l’éducation, de la Ligue des Droits de l’homme avaient successivement pris la parole pour témoigner de leurs difficultés à exercer au quotidien leur travail et dire leur désaccord sur les constructions sociétales actuelles et à venir, notamment sur le rapport à la marchandisation appliqué à la dimension humaine.

Cette soirée s’inscrit dans cette suite, mais aussi dans la perspective de nouvelles rencontres qui, je l’espère, prendront forme dans les mois à venir, sous la forme de soirées comme celle-ci consacrée à un thème dont l’APPEL des APPEL, dans sa diversité et son ouverture, peut conduire vers une réflexion et un travail collectif.

La souffrance au travail…le travail en souffrance… ces deux formulations sont cœur de l’actualité quotidienne au point où l’on pourrait croire cette réalité toute nouvelle, à l’image si vous me permettez le rapprochement, d’une « maladie épidémique » dont les symptômes et les passages à l’acte tragiques sont la résultante d’une contamination récente, et dont la crise économique serait le terreau. Il n’en est rien et les problématiques actuelles s’originent dans le sens et la manière dont les organisations du travail ont évolué depuis les années 70.

S’il est vrai que la notion de souffrance et de travail sont inhérentes à la condition humaine et à la question même du sens du travail, la question déborde aujourd’hui ce rapport structurel. Depuis les années 90, nous assistons à une multiplication des problématiques liées au travail, à l’apparition de nouvelles formes de pathologies, surtout à une croissance de passages à l’acte notamment suicidaires, qui surviennent dans des contextes comme le soulignait DURKHEIM, de perte de sens du travail et d’individualisation extrême de la personne. Vous le savez, ces passages à l’acte se sont multipliés en 2009, au point où les médias s’en sont saisis et ont permis aux personnes victimes de prendre la parole et de dire la maltraitance exercée au quotidien.

Certains professionnels, de leur place d’observateurs, avaient alerté les autorités dès les années 90, au moment où la logique managériale et la machine à cash commençaient à s’emballer, notamment Christophe DEJOURS, psychiatre et psychanalyste, l’une des têtes de file du mouvement de psychodynamique du travail. Depuis, ce mouvement, ainsi que d’autres observateurs, ont multiplié les travaux d’analyse dans de nombreuses entreprises et secteurs. C’est malheureusement à la lumière de ces drames, qu’il est aujourd’hui possible de dire les rapports directs entre l’organisation néolibérale du travail et la pathologie. Derrière ces organisations se cachent des enjeux essentiels et des volontés conscientes : le pouvoir, le profit, l’individualisme et le contrôle social.

Il faut aussi souligner que cette vision exclusivement productive et managériale du travail a conduit, comme dans bien d’autres domaines, vers une lecture unique et quelque peu simpliste de la dimension du travail dans toute sa complexité humaine. Comment pouvons-nous situer le travail social et le travail de soin du côté de la logique marchande ? Comment situer le travail du rêve, du travail de deuil, de toutes ces formes non productives de travail dit négatif, invisible ? Où est passé notre arrière-pays de pensée et de références qui alimentaient la conflictualisation des rapports de force et de classe au sein d’une collectivité. TOSQUELLES, l’un des pionniers de la PI, rappelait sans cesse qu’une institution, quelle qu’elle soit, ne peut faire l’impasse d’une analyse institutionnelle pour accueillir l’autre dans sa souffrance et sa singularité. Et l’analyse institutionnelle n’est pas une psychanalyse de l’institution mais bien une analyse concrète des rapports hiérarchiques et organisationnels qui structurent cette institution. Quelle place est faite à ce travail qui est l’affaire de tous dans les entreprises actuelles ? Il est tout simplement contrôlé jusqu’à ce qu’il disparaisse, y compris dans la dimension syndicale.

Pour lutter contre cette homogénéisation massive, contre cette pensée unique, contre ce réductionnisme généralisé dont on devine bien la finalité normative et le projet de servitude volontaire auquel nous sommes conviés, le mouvement de l’APPEL des APPEL s’est constitué et travaille aujourd’hui dans le sens d’une résistance à ces organisations managériales et surtout dans la restauration des liens collectifs et des solidarités.


Patrick COUPECHOUX est journaliste et a travaillé pour plusieurs journaux dont le Monde Diplomatique. Lorsqu’en 2006, son ouvrage « Un monde de fous » parait, il créé la surprise dans la communauté psychiatrique, la surprise de voir un journaliste dire tout haut ce que certains n’osaient dire. A savoir que depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont participé à démanteler la psychiatrie publique au point où la diminution des lits d’hospitalisation conduit à une carence de soin, où les hospitalisations sous contrainte se multiplient, où de nombreux malades sont aujourd’hui dans la rue, en prison ou mort par défaut de soin. Ce qui nous a frappé dans le style de Patrick COUPECHOUX, c’est aussi la manière dont il procède pour dire ce constat terrifiant et déshonorant : quelques chiffres, mais pas de statistiques, surtout des témoignages de professionnels, de patients, souvent bouleversants et une articulation constante à l’histoire et aux pratiques élaborées par les soignants. Il a su montrer que la psychiatrie n’était même pas née qu’elle était déjà écrasée. A peine la révolution désaliéniste de l’après-guerre est-elle engagée, à peine le secteur psychiatrique dont la finalité est de construire un maillage de soin adapté à la géographie et à ses habitants, à peine la psychanalyse se penche-t-elle sur le soin aux personnes psychotiques que déjà des mesures règlementaires et formelles ramènent la psychiatrie à une période asilaire, à une période où l’on voit le sinistre couple, misère et folie cheminer à nouveau ensemble.

Cette prise de position de COUPECHOUX l’a amené à rencontrer les professionnels du soin psychiatrique, notamment les résistants actuels, ceux qui se battent encore pour une certaine idée du soin psychique ; bien sûr les plus médiatiques, OURY, DELION, mais aussi les équipes qui ne baissent pas les bras malgré les attaques comme à REIMS, à LANDERNEAU ou ici à CAEN, au Foyer Léone RICHET ; aussi et surtout ceux qui, sous les contraintes imposées par leur administration, ont du suivre, faire avec, composer mais qui rêvent et se battent silencieusement et souvent seuls pour une autre psychiatrie.

Dans ce premier ouvrage, Patrick COUPECHOUX interroge bien sûr la question des conditions de travail, les moyens humains mis à disposition, la formation des professionnels. On ne fait pas de la psychiatrie sans des hommes formés, engagés et disponibles à accueillir la souffrance de l’autre. Il était en quelque sorte logique que dans un second temps, il s’intéresse au travail au-delà de la question du fou et des murs de l’asile. C’est-à-dire dans notre quotidien, de tout à chacun. Un quotidien qui ne cesse d’être aux prises avec les contraintes, la règlementation, l’administration. Une vie quotidienne où l’individualisme peut, sous l’effet de la peur et des logiques sécuritaires, détruire les solidarités qui font lien.

Alors COUPECHOUX s’est tournée vers ces lieux, ces entreprises, qui cultivent une certaine idéologie du travail managérial et considère l’homme comme un élément quasi insignifiant d’un système où l’essentiel repose sur la production de bénéfices. Il s’est tourné aussi vers ces pathologies dites du travail, trop longtemps méconnues et vers les professionnels qui les accueillent et tentent de les soigner. Une enquête minutieuse nous est donc proposée, un texte parfois douloureux à lire au point où l’on se demande parfois si ces témoignages sont réels. Ils le sont et l’actualité de cette année est venue le confirmer.

Cette analyse amène Patrick COUPECHOUX à des questions essentielles : le sens du travail, le sens du lien social et des solidarités, la place de la folie dans notre société, la dimension du sujet dans un monde de fous.

Je lui passe la parole.

Pascal CRETE



Appel des Appels de Caen Notre démarche

Je vais vous parler de comment est né notre collectif, l’appel des appels de Caen. Ce collectif est né d’une réflexion émanant du CRIC , Collectif de rencontres institutionnelles caennais. Ce groupe se réunit une fois par mois et rassemble des personnes qui travaillent dans les institutions sanitaires et sociales de Caen et de ses environs. Ces rencontres mensuelles permettent de partager des expériences professionnelles et institutionnelles, mais aussi d’écouter des interventions prononcées dans des colloques ou de séminaires, rapportées par les membres du C.R.I.C. afin d’engager une réflexion collective sur ces interventions. Le CRIC s’inscrit dans le mouvement de la psychothérapie institutionnelle qui nous amène à réfléchir sur les aménagements organisationnels ou institutionnels qui permettent que l’humain, le sujet, reste au cœur du dispositif de soins. C'est-à-dire comment on soigne les lieux de soin pour permettre le soin des personnes.

On voit combien les politiques publiques s’invitent au débat. En effet nos secteurs sanitaire et médico-social répondent à des missions de service public et sont donc directement visées par ces politiques publiques. Ces derniers temps il semblerait que celles-ci reflètent une profonde mutation et mettent à mal le sens et les valeurs de notre travail.

Les multiples réformes concernant nos différents secteurs professionnels tels que l’hôpital, la prison, l’éducation, la culture, l’université, la justice, les services publics, semblent nous imposer de plus en plus une logique gestionnaire, manageriale, où la performance, l’efficacité, le résultat priment.

Nous avons pu le constater au sein du CRIC, où nos réunions étaient de plus en plus envahies par nos difficultés à continuer d’accompagner les personnes dans leur singularité au plus près de leur subjectivité. Et donc de faire notre travail ! Nous avions le sentiment de perdre le sens de nos missions et nous nous interrogions sur nos possibilités de résistance et de créativité dans un tel contexte. Nous avions d’ailleurs organisé la journée nationale de psychothérapie institutionnelle à Caen sur ce thème en mars 2008.

La question du politique s’imposait plus que jamais à nous et comme nous le rappelle Jean Aymes : la psychothérapie institutionnelle se doit de marcher sur ses deux jambes : l’une psychanalytique, l’autre politique. Rappelons aussi que le mouvement de psychothérapie institutionnelle advient au lendemain de la seconde guerre mondiale dans un contexte socio-historique particulier.

Par ailleurs le contexte social du début 2009 empreint d’une crise socio-économique profonde, de mouvements de grève générale, nous amenait à penser que nos réflexions mensuelles ne concernaient pas que nos secteurs de travail, mais témoignaient d’une dynamique plus globale qui s’étendait à la société. Parallèlement, des collectifs nationaux tels que la Nuit Sécuritaire l’Appel des 39 dénonçaient la logique sécuritaire et gestionnaire émanant des différentes réformes. Pour illustrer, pensons au discours de Sarkozy relatif à la psychiatrie à Anthony, en Décembre 2008 (bracelets électroniques, caméras de surveillance et hauteur réglementaire des murs mais rien sur le soin et la souffrance).
C’est dans cette dynamique qu’est né le comité local interprofessionnel de l’Appel des appels de Caen.

Il s’agissait d’ouvrir un espace de réflexion sur nos valeurs professionnelles, témoignant d’un besoin, d’un désir de parler, d’échanger ; dépasser les frontières des disciplines, des statuts, des secteurs, dans une démarche non plus seulement professionnelle mais bien citoyenne. Il nous paraissait urgent de lutter contre l’isolement corporatiste, le repli sur soi et l’individualisme ambiant.

Nous avons rédigé une lettre afin de partager nos réflexions que nous avons décidé de diffuser lors de la manifestation générale de mars dernier. Nous proposions à tous une rencontre pour en échanger. D’autres personnes ont rejoint et enrichi notre collectif, lui donnant tout son sens. Etienne en faisait partie. Je lui laisse la parole pour vous parler du forum du 20 Juin, première manifestation de l’appel des appels de Caen.

Je suis, comme d'autres ici, dans une autre démarche initiale et dans un autre champ professionnel, celui du travail social. Militants dans le comité de veille du Social nous avons choisi de rejoindre l'Appel des appels : nous avions avec le collectif anti délation mené la bataille contre la loi « prévention de la délinquance qui instrumentalisait les travailleurs sociaux pour de besognes d'informateurs de police. Notre dernière intervention avait porté sur l'analyse de la remise en cause de la convention collective de 1966 comme outil juridique du management néolibéral dans le secteur.
A tous, dans l'ensemble des champs professionnels qui n'étaient pas traditionnellement dans le champ de la marchandise, de la concurrence, mais dans la gestion des relations entre les hommes et la société. il nous paraissait, de façon plus ou moins claire, qu'un certain nombre de pratiques ( gestionnaires, administratives, financières mais aussi sécuritaires ...) pesaient de plus en plus lourd sur l'exercice de nos professions, attentaient directement à nos pratiques, à nos identités, à notre culture professionnelles.

Ces remises en cause ne posent pas seulement des problèmes « techniques » mais remettent en jeu, une certaine façon de concevoir l'être humain, une certaine manière de concevoir le vivre ensemble.
Il ne s'agit pas d'une « querelle d'allemands » entre la psychothérapie institutionnelle et la psychiatrie comportementaliste mais bien d'un débat de société, d'un débat politique au sens premier.

Nous avons donc conçu la journée du 20 juin pour « penser ensemble la façon dont on peut résister aux logiques formelles actuelles et garantir la spécificité du travail dans le champ humain ».

Pour cela nous avions prévu 2 types d'interventions :
des interventions à portée générale l'une sur la notion de service public ou de service d'intérêt général et les enjeux des propositions de l'Union européenne, l'autre sur l'avancée du sécuritaire, de la société de surveillance aux détriments des droits de l'homme.
des interventions de secteurs différents en espérant que ce dégage des convergences qui puissent faire naître un débat commun. Il nous a manqué la culture et les salariés de Pôle Emploi.

Les trop courts débats de ce samedi matin nous ont amené à nous centrer sur des thèmes plus précis pour que puisse mieux se développer le débat, et les témoignages indispensables pour progresser ensemble .

Malgré ses défauts (trop d'intervenants peut être trop techniques..), cette forme table ronde était un passage obligé pour montrer les convergences entre des secteurs des intervenants qui n'ont pas l'habitude de « faire ensemble »

Ce qui ressort c'est la violence, la « barbarie douce » de ce néolibéralisme. Quelqu'un demandait le 20 juin s'il ne serait pas plus judicieux de parler de totalitarisme que ne néolibéralisme. Même si ce terme a été largement galvaudé, la question ne peut être balayée d'un revers de la main devant :

- la violence faite aux usagers :la question du sécuritaire, de la politique de la peur qui impacte, instrumentalise l'ensemble de nos professions et non pas uniquement celles qui sont directement confrontées à la gestion directe de ces « populations dangereuses ».
- la violence faite aux salariés : les « nouveaux modes de gestion » importés de l'entreprise capitaliste néolibérale. Qu'en est il de l'introduction de l'évaluation, du management par objectifs chiffrés dans des métiers où le rapport aux personnes, à la création, à la production intellectuelle ou culturelle? Quels effets dans ce travail qui ne peut se laisser réduire à du quantifiables sans s'interroger sur les termes mêmes de cette quantification?

Sur ces 2 terrains, le sécuritaire et la réduction quantitative de l'humain, nous avons collectivement la double responsabilité professionnelle (expertise à partir de nos savoirs) et citoyenne (au nom des valeurs qui sous tendent nos pratiques) d' alimenter le débat public sur ces questions.

La rationalité du mode gestionnaire que nous affrontons aujourd'hui, entraîne aujourd'hui la mutation difficile de l'identité professionnelle et la souffrance , le mal être au travail qui en découle.

Cette rationalité présenté comme la seule possible, ne doit elle pas être elle même interrogée à partir de ces difficultés, de la souffrance des crises de professionalité ?

Bien sûr, la souffrance venue sur le devant de la scène médiatique avec le suicides à France-Télécom, Orange, a précipité ce choix.

Nous vous proposons ce soir de nous , de vous interroger au delà de la souffrance au travail sur le travail en souffrance, c'est à dire sur la souffrance particulière que fait subir le management néolibéral, la nouvelle discipline néolibérale du travail.

Etienne Adam


En effet, Patrick Coupechoux, dans son dernier ouvrage « La déprime des opprimés », réussit le pari de la transversalité et de l’hétérogénéité. Cette enquête donne la parole à ceux qui souffrent et ceux qui soignent « des cadres de multinationales, des ouvriers, des médecins du travail, des psychiatres, des syndicalistes… ».

Coupechoux témoigne de la souffrance au travail mais plus encore analyse celle-ci en interrogeant l’organisation même du travail comme en partie responsable de la disparition des collectifs, la mise en concurrence des individus, la précarité et l’exclusion. Il semble que sa démarche, du témoignage vers l’analyse, vers la revendication de postures éthiques, citoyennes assumées nous montre combien le constat (souvent assimilé à la plainte) est nécessaire et comment le collectif c’est à dire les échanges, les liens, les rencontres qui le fondent permette une transformation de ce constat ouvrant de véritables espaces de pensée teintés de résistances et de créativités.

De plus, le précédent livre de Patrick Coupechoux, « Un monde de fous », (mais de quels fous parle-t-on ?), met en lumière la façon dont la société maltraite ses malades mentaux. Sa démarche journalistique singulière nous montre combien la psychiatrie, véritable fenêtre sociale, amène des réflexions plus larges… Ce chemin parcouru par Coupechoux, de la psychiatrie vers la société, n’est pas sans nous rappeler comment est né le collectif qui nous rassemble aujourd’hui.



Alexandra Vétillard

lundi 23 novembre 2009

RDV prochaine réunion : le lundi 7 décembre, 18h 30, Maison des Solidarités !!!

L’APPEL des APPELS de Caen le C.R.I.C., le C.E.R.R.e.V

organisent une SOIREE THEMATIQUE

La SOUFFRANCE au TRAVAIL … ou le TRAVAIL en SOUFFRANCE





Avec la participation de PATRICK COUPECHOUX (journaliste et auteur d’un « Monde de Fous » qui présentera son dernier ouvrage:
« La déprime des opprimés »)

RENDEZ VOUS à


l’AMPHI 2000, UNIVERSITE de CAEN

JEUDI 10 DECEMBRE 2009 à 19 H 00

Participation aux frais : 2 €

mardi 6 octobre 2009

Compte Rendu de la réunion du 5 Octobre.

Nouveau lieu pour cette nouvelle rencontre.
Désormais nous pourrons nous retrouver à la maison des solidarités à Caen, et rencontrer éventuellement d'autres collectifs dont les actions et élaborations peuvent être en lien avec ce que nous essayons de contruire.

Nous proposons d'organiser des soirées thématiques dont la première se tiendra :

le jeudi 10 décembre sur le thème de la souffrance au travail.

Patrick Coupechoux qui avait écrit "un monde fous ou comment notre société traite ses malades mentaux" viendra nous parler de son dernier livre/enquête intitulé "la déprime des opprimés".

Il fait dans son livre un constat terriblement alarmant de la façon dont une certaine logique managériale qui vise à utiliser l'humain dans un rapport direct de production rentabilisée, traverse actuellement les mondes professionels et personnels.

Cette soirée sera donc l'occasion d'échanger sur ce thème qui traverse le monde du travail social mais aussi de chercher ensemble à mettre en évidence un autre type de travail, un travail invisible, indicible parfois, intime très souvent, essentiel, mais qu'il nous est parfois si difficile de reconnaître.

La prochaine réunion se tiendra le 9 Novembre à 18 H 30, à la maison de solidarités.

jeudi 1 octobre 2009

Prochaine rencontre :

ATTENTION, NOUVEAU LIEU !!!

5 OCTOBRE, 18 h 30, MAISON DES SOLIDARITES, 51 quai de juillet, Caen

jeudi 24 septembre 2009

Interventions lors de la journée du 20 Juin //

INTRODUCTION

Mesdames, messieurs, chers amis,

« Nous, professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de la recherche, de l’information, de la culture et de tous les secteurs dédiés au bien public, avons décidé de nous constituer en collectif national pour résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social.
Réunis sous le nom de l’Appel des Appels, nous affirmons la nécessité de nous réapproprier une liberté de parole et de pensée bafouée par une société de mépris. »

Ainsi débute la charte de l’Appels des Appels, écrite quelques semaines après le premier grand rassemblement qui se tient à Paris le 31 Janvier 2009. Fin mars, une seconde rencontre rassemble à nouveau près de 1000 personnes issues de secteurs professionnels différents mais unis dans cette même perspective de résister ensemble au libéralisme étendu à tous les domaines et aux réorganisations sociales en cours. Les échanges se poursuivent aujourd’hui à distance de la capitale, avec la création de comités locaux, à Marseille, à Strasbourg, à Rennes et aujourd’hui ici-même. Merci au Centre Ressources des Associations de nous avoir ouvert ses portes.

Bienvenue donc à cette première rencontre de l’Appel de CAEN.

Juste quelques mots pour vous permettre de situer la constitution de ce collectif. En mars 2008, le Collectif de Rencontres Institutionnelles Caennais, le CRIC, organisait la XXIème Journée Nationale de Psychothérapie Institutionnelle sur le thème : « Actualité du travail en institution : entre résistance et création ». Force est de constater qu’une vague de contestation et de résistance se constitue déjà : 500 personnes sont présentes à cette journée, 600 à la dernière journée nationale qui s’est déroulée à Blois fin février 09. Parallèlement, depuis plusieurs mois, des pétitions dénonçant les attaques faites aux professionnels et aux usagers de tous les secteurs ne cessent de circuler sur le net. Après le discours du Président de la République à l’hôpital psychiatrique d’Antony, la psychiatrie se mobilise et des rencontres telles celles de la Nuit Sécuritaire se multiplient et dénoncent l’oppression sécuritaire qui écrase actuellement la psychiatrie. Mais il faut aussi parler de toutes les mobilisations dans les secteurs de la justice, de l’université, de l’éducation nationale avec notamment le destin des RASED, le conflit important concernant la recherche… tous ces mouvements témoignent de l’ampleur de la destruction en cours, mais aussi d’une mobilisation collective pour sauver la dimension humaine et le lien social dont nos professions ne peuvent faire l’impasse. Dans ce contexte alarmant, notre collectif institutionnel ne pouvait rester indifférent et nous nous sommes associés, de par son ouverture et sa diversité d’approches, au mouvement de l’Appel des Appels en constituant un comité local. Les professionnels qui ont travaillé à l’organisation de cette matinée sont issus de secteurs divers mais partagent les mêmes préoccupations. Voulons-nous d’une société qui traite ses citoyens comme des marchandises et applique les logiques marchandes, de performance et de compétition aux services publics ?

Nous vous proposons donc aujourd’hui d’échanger sur ces questions fondamentales en prenant comme question de base : « Qu’est-ce qui ne va pas aujourd’hui dans le secteur du soin, de la psychiatrie, de l’école, de la culture… ? ».

Pour nous aider à penser et travailler ces questions, plusieurs personnes ont accepté de prendre la parole et je les en remercie d’avance. Une prise de parole courte pour présenter les questions essentielles qui se posent, les situer dans leur contexte et ouvrir à des échanges avec vous. Car il est manifeste que des logiques analogues sont repérables dans toutes les réformes actuelles et visent un même objectif de contrôle, de formalisation, d’administration.

Cécile PENY et moi-même allons animer cette matinée d’échanges qui sera certainement riche et utile. Tout d’abord, nous avons le plaisir d’accueillir Monsieur Joël HENRY qui nous parlera du libéralisme dans sa dimension mondiale mais surtout à l’échelle européenne et des effets concrets que ce libéralisme induit, notamment au niveau des services d’intérêt généraux dont font partis les services sociaux, aussi des effets que ce libéralisme distille insidieusement au quotidien sur la pensée et notre vie quotidienne.
Puis Monsieur Serge KROICHVILI, Président de la Ligue des Droits de l’Homme prendra la parole sur la question des droits des personnes au regard des réformes en cours.
Ensuite, Monsieur Alain FLAMBARD, psychiatre à hôpital public, en CHS, et Madame Hélène NICOLLE, pédopsychiatre à la Maison des Adolescents présenteront la question de la psychiatrie aujourd’hui au prise avec la logique sécuritaire et la destruction de son outil, le secteur.
Puis Monsieur Eric MARTIN, juge pour Enfant, parlera de la question de la Justice aujourd’hui.
Le Comité de Veille Social, représenté par Monsieur Etienne ADAM, prendra ensuite la parole.
Puis Madame PROIA Nadine, professeur de Psychologie à Caen et madame KALECA Catherine, aussi enseignante et membre de l’Appel des Appels de PARIS présenteront les questions relatives à l’Université.

Enfin, Madame Laurence TOUROULT, enseignante, parlera de l’éducation nationale.

Après chaque intervention, un micro circulera afin que vous puissiez prendre la parole.

Nous aurions voulu terminer cette matinée par un apéritif ensemble mais les contraintes formelles liées à la salle ne le permettent pas. En revanche, le Collectif de Réappropriation de l’Espace Public organise à partir de midi un rassemblement place Bouchard, agrémenté d’un pique-nique ; nous pouvons nous déplacer vers le centre ville et nous associer à ce moment collectif et convivial.

… / …

Monsieur Joël HENRY, éducateur de formation, ancien directeur d’AEMO, fondateur du Carrefour National des AEMO et du Comité Européen d’action spécialisée pour l’enfant et la famille dans leur milieu de vie, vous avez la parole.




Intervention du Comité de Veille sociale.

Une petite remarque préalable.
Quelqu'un disait tout à l'heure : « on parle beaucoup de libéralisme et pourquoi pas de totalitarisme » Je veut rappeler qu'un 11 septembre peut en cacher un autre, celui de 2001 ce 11 septembre 1973 avec le putsch de Pinochet au Chili.
C'est sous ce régime que les premières politiques libérales, les recettes des Chicago Boys, ont été appliquées. Il est bon de se souvenir du lien entre ce régime violemment répressif et le libéralisme.
Mons intervention portera largement sur le sécuritaire comme composante essentielle du libéralisme que nous devrions appeler libéralisme-sécuritaire.
Le comité de veille existe depuis 4 ans.
Il s’est donné pour tâche d’analyser, de surveiller, l’évolution du travail social. Une veille professionnelle et citoyenne. Lors d'une réunion il est apparu que partout dans le travail social se mettait en place insidieusement une « nouvelle formes» du travail social, souvent cachées derrière une rationalisation « purement technique »où la logique de l'efficacité l'emporte sur l'éthique professionnelle.
Pourtant nombre de lois récentes sont prises au nom des droits des usagers : de la loi de janvier 2002 à celle des tutelles de 2007 le souci de transparence vis à vis des usagers est le maitre mot.
Bien sûr nous ne pouvons que partager ce souci, que l'usager soit sujet de sa propre vie.
Mais la réalité de la mise en œuvre de ces nouveaux dispositifs est bien à l'inverse de ces grands principes que nous partageons.
Derrière le contrôle démocratique des actions menées, on sent pointer une instrumentalisation des travailleurs sociaux par des secteurs de l'administration sans que ces politiques publiques aient fait l'objet d'un débat public démocratique sur les choix dans ce domaine.
On sent monter un contrôle accru des populations les plus pauvres, les plus précarisées, les plus marginalisées que l'idéologie sécuritaire les perçoit appréhende les nouvelles classes dangereuses potentielles.

Je veux rappeler le rapport Benisti : il y avait dans ce rapport un coté comique, ridicule dans les formulations de ce rapport et dans sa prétention scientifique ( le schéma de l'écart par rapport au « bon chemin » est un modèle de bêtise de droite satisfaite d'elle même). Mais il a donné lieu à décisions.
La loi « prévention de la délinquance » visait à transformer les travailleurs sociaux en indics de police, indics particulièrement intéressants puisqu'ils ont accès par leurs fonctions à l'intimité des personnes « à risques ».

Nous assistions au glissement de la notion de prévention à celle de prévention de la délinquance. Pendant des années, et pour nous en particulier dans notre culture professionnelle, la prévention s'opposait à la répression. Elle visait même à prévenir la répression et à lui substituer des mesures d'assistance éducative : c'était par exemple l'esprit des ordonnances de 1945 sur la protection de l'enfance. Vous remarquerez que toute la droite libérale veut liquider ce qui s'est fait à la Libération.

Prévenir la délinquance c'est sanctionner avant que les délinquants potentiels puissent agir, c'est la même démarche idéologique que la guerre préventive de Bush: il s'agit de lutter contre un ennemi peu identifié : ce sont des populations entières qui sont considérées comme « classes dangereuses » et doivent être surveillées et contrôlées.
Et c'est là que l'on trouve un second glissement : la lutte préventive contre les délinquants potentiels ne relève plus de la justice, mais de la police de maintien de l'ordre public, en dehors du judiciaire, à la seule disposition des autorités administratives. C'est le maire qui a été retenu pour exercer cette autorité parce ce niveau apparait comme le lieu d'une simple gestion technique : cette technicité masque mieux le glissement vers une conception autoritaire du pouvoir politique .

Le vote de la loi dans une version modifiée n'a pas remis en cause cette logique de soumission du social au sécuritaire, la mobilisation très diversifiée et éclatée (les collectifs de travailleurs sociaux refusant la délation n'ont jamais rejoint l'appel « non au zéro de conduite » ou les résistances dans le secteur psychiatrique) a néanmoins contraint à des reculs non négligeables.

Aujourd’hui le comité de veille apporte sa contribution à la lutte contre la démolition par le patronat du secteur de la convention collective de 66.

Pour nous, derrière la perte des acquis sociaux, c’est le statut professionnel, la conception même d’un travail social au service des personnes en difficultés, qui sont mis en cause. C’est un débat éminemment politique puisqu’il touche à la manière dont une société traite celles et ceux que le fonctionnement de cette société laisse de côté ou exclue.
On ne peut qu'être frappé par le changement total entre les 2 CC.
Comment expliquer un tel changement ?

Par la crise du social, celle de l'Etat social qui se voit miné chaque jour davantage par l'Etat pénal : pour s'occuper des pauvres, surtout quand ils deviennent de plus en plus nombreux et de plus en plus inquiétants, rien ne vaut la matraque et la prison ! Aujourd'hui avec le délitement de l'Etat Social, le travail social classique ne fonctionne plus, il subi de plus en plus les nécessités de l'ordre public.

Alors, les employeurs organisent une véritable déqualification, disqualification des salariés du secteur .
Le savoir faire professionnel est de moins en moins reconnu : qualification sanctionnée par un diplôme, autonomie dans le travail, expérience professionnelle, tout cela n'a plus cours.
Les travailleurs sociaux doivent être relégués à un rôle d'exécutants d'un travail rationalisé et défini d'en haut: certains rêvent d'une organisation scientifique du travail social, d'un nouveau taylorisme où les fonctions de conception du travail seraient séparées de celles d'exécution.
Bien entendu ces changements sont conduits par des gestionnaires qui souhaitent importer dans notre secteur des modes de gestion des entreprises privées en faisant fi de ce qui constituait la culture professionnelle et les modes de fonctionnement des établissements et services du social.

Ce qui est visé, avec cette nouvelle CC, c'est bien sûr la rentabilisation financière la baisse des coûts. Mais c'est aussi pour les personnels de ce secteur un véritable changement de statut, la perte d'une identité professionnelle et la transformation en « OS du social ».

Nous sommes face à une tentative de transformation régressive des métiers pour avoir des salariés soumis. Comme les enseignants chercheurs, c'est notre autonomie par rapport à une hiérarchie et aux pouvoirs qui est mise en question : c'est pourquoi on peut dire sans exagérer qu'il s'agit bien d'obtenir une soumission des travailleurs sociaux pour accomplir les nouvelles tâches que l'Etat sécuritaire leur assigne.
Pour cela la « nouvelle convention »met en œuvre des outils juridiques pour obtenir et perpétuer cette soumission : insécurité professionnelle et individualisation des droits.

L'insécurité : au delà des nombreux précaires employés dans notre secteur et qui ont probablement servi de cobayes, c'est l'ensemble des professionnels qui seront précarisés,
Le licenciement est considérablement facilité .
Une disposition,discrètement inscrite en début du Chapitre Exécution du contrat de travail, dit: « Le salarié exerce ses fonctions en conformité avec le projet d’association et le projet d’établissement.. ». Mais qui juge que le salarié n'est pas conforme, qu'est ce que la conformité? Tout cela favorise le fait du prince et rend quasiment impossible le recours aux juridictions prudhommales.

La fin des garanties collectives : ce texte ouvre la voie aux dérogations entreprise par entreprise au risque de dumping social. Tout ceci est bien sûr source d'insécurité collective.
Mais le texte va encore plus loin en individualisant le contrat de travail pour obtenir un « consentement des salariés » fondé sur la fragilité des accords individuels.

Ce projet, condensé d'une approche « managériale moderne », est réactionnaire au sens fort du terme non seulement parce qu'il est un retour en arrière pour les salariés mais aussi parce qu'il est construit contre les usagers, pour servir une certaine politique de « nuit sécuritaire ».

Le comité de veille voit avec "l’appel des appel" se construire un front de résistance et de réponse aux dégâts de la contre-révolution dont Sarkozy est le nom.
Nous avons une lutte en commun à mener ( avec par exemple les chercheurs qui contestent à la « criminologie sécuritaire » la qualité de discipline scientifique) contre les « marchands de soupe sécuritaire », les Bauer et consorts, qui dirigent les « instituts sur la sécurité » où les groupes font leur beurre sur le sécuritaire, domaine ouvert à la privatisation, à la marchandisation et aux profits : c'est une dimension essentielle qu'il ne faut pas laisser de côté.
L’action du comité de veille se situe bien dans cette perspective de lutte idéologique contre cette véritable régression intellectuelle qui nie des années de pratique et d’élaborations théoriques. Nous souhaitons continuer avec d'autres dans le cadre de l'appel des appels à mener cette veille et à dénoncer « cette crise de la professionalité » dans le travail social que met en évidence un rapport de l'ONPES et de faire de cette dénonciation une outil de lutte et d'émancipation pour professionnels et usagers.
Quand on dit que Sarkozy fait une "guerre contre l’intelligence" ce n’est pas seulement parce qu’il est peu cultivé (La princesse de Clèves et encore récemment l'oubli des anglais dans le débarquement...) mais surtout parce que sa haine de la culture traduit un choix politique : le refus d'une culture émancipatrice.
Ceux qui ont le pouvoir veulent éviter que le plus grand nombre ait l’intelligence de ce monde : rendre ce monde intelligible au plus grand nombre, c’est ruiner le pouvoir de ceux qui dominent.
Nous ne pouvons nous contenter des dénonciations nécessaires.
Résister c'est créer, refuser la politique de la peur c'est construire une autre vision de la société et du lien social.
La désobéissance civique, dont l'engagement à ne pas appliquer la loi prévention de la délinquance était un premier exemple, ne peut se fonder que sur une autre conception de l'autonomie professionnelle, de la pratique professionnelle mais aussi des rapports aux pouvoirs, de la démocratie.

lundi 21 septembre 2009

Compte Rendu de la réunion du 15 Semptembre 2009

La rencontre du 20 juin 2009 reste le temps fort de notre collectif, néanmoins et après cette trêve estivale, l’heure n’est pas à l’auto-congratulation ! Fis de l’actualité et de son engagement, le collectif local affirme aujourd’hui sa volonté d’organiser de nouvelles rencontres très prochainement.

Lors de cette première matinée, les thèmes abordés n’ont pas été épuisés, loin s’en faut ! De plus, le nombre important de participants et le temps court imparti n’ont pas permis un débat en plénière.
Face à ces problématiques complexes, nous souhaitons inscrire cette première rencontre dans un processus qui sans succomber à la vulgarisation doit pouvoir s’ancrer dans une dimension humaniste et citoyenne.

Soulignant l’importance de la diversité, nous avons ainsi pu dégager plusieurs thématiques transversales qui pourraient servir d’axes à nos prochaines rencontres :

Politique de la peur / Impact sécuritaire / Contrôle sociale.
Mode gestionnaire / Mutation de l’identité professionnel / souffrance au travail
Protocole/ Dispositif : Absence d’arbitrage de l’humain.

Il ne s’agit ici que de premiers agencements de mots clés qui pourront être remaniés. Le visionnage de la vidéo du 20 juin permettra sans doute d’étayer ces premières combinaisons. Nous invitons toute personne qui le désire à nous faire part de ses propositions.

D’ores et déjà deux intervenants pressentis (Pour le moment nous n’avons toujours aucune proposition de la part des milieux pénitenciers et ceux de la police) :

- Christophe Dejours autour des mécanismes de défense contre la
souffrance, la souffrance éthique ou bien encore la reconnaissance du travail et du travailleur.
- Patrick Coupechoux autour de son livre « La Déprime des opprimés, Enquête sur la souffrance psychique en France »


Pour cette prochaine rencontre, il n’y a pas encore de date prévue – courant décembre 2009 à voir en fonction des disponibilités des intervenants – ni de lieu (que nous souhaitons également diversifié). En ce qui concerne ce dernier point nous lançons « un appel» aux organismes de formation, université, mairie de quartier…

Notre prochaine réunion aura lieu le 5 octobre à 18h30 dans un lieu qui reste à confirmer et dans lequel nous souhaitons vous retrouvez nombreux !

lundi 7 septembre 2009

COMPTE RENDU Réunion 28 AOUT

en lien, Un compte rendu de la matinée du samedi 20 JUIN :
http://infosluttes.wordpress.com/2009/07/13/forum-de-lappel-des-appels-a-caen-samedi-20-juin-2009/




A l’issue de notre Forum organisé le 20 juin dernier, nous nous sommes rencontrés pour faire le point sur cette matinée de travail qui a réuni plus d’une centaine de personnes. Le collectif n’a pas manqué de souligner la densité des échanges et de remercier les différents intervenants pour leurs réflexions de qualité et leur engagement.

Nous notons la difficulté à s’imprégner des problématiques de chacun des secteurs représentés au regard de l’hétérogénéité de l’assemblée. En ce sens, il nous semblerait intéressant que lors d’une prochaine rencontre, nous puissions penser des temps d’atelier afin de préciser les différents concepts abordés en séance plénière. A noter que la permanence de cet espace de travail dans la durée pourrait garantir une dynamique de travail en la matière. En effet la pluralité des acteurs demeure essentielle afin d’engager une réflexion sur les mutations de notre travail et les transformations socio-anthropologiques qu’elles sous-tendent. Il nous apparaît fondamental d’inscrire notre pensée dans une perspective historique et de nous saisir de l’expérience de nos aînés. C’est tout l’enjeu de la transmission qui se pose !

Le collectif insiste sur l’importance de confirmer la mobilisation du Forum en annonçant dès ce jour la préparation d’une nouvelle rencontre en novembre prochain. Nous invitons tout ceux qui le souhaitent à rejoindre notre groupe de réflexion afin de continuer à échanger et débattre.

Notre prochaine réunion aura lieu le mardi 15 septembre à 18h30 au Foyer Léone Richet, 121 rue d’Auge à Caen. Venez nombreux !

APPEL DES APPELS DU 20 JUIN 2009

http://www.bruce-clarke.com/


Le comité local de Caen vous donne
rendez-vous le :

Samedi 20 Juin 2009
de 9 à 12 H
Au Centre de Ressources pour les Associations
,


7 bis rue Neuve Bourg l’Abbé à CAEN
(Rue perpendiculaire à la Rue Caponnière)


Pour penser ensemble la façon dont on peut résister aux logiques formelles actuelles (financières, administratives, sécuritaires…) et garantir la spécificité du travail dans le champ humain.

Plusieurs intervenants de secteurs différents (santé, éducation, travail social, justice, …) ouvriront la discussion conduisant à un débat public.


Entrée libre et gratuite, plus d’informations sur :



COMPTE-RENDUS REUNIONs de Juin 2009

Les derniers détails organisationnels sont réglés. Nous sommes prêts à vous accueillir samedi 20 juin dès 9h (le parking de la maison des associations sera ouvert à cette même heure).

Nous avons hâte de partager nos réflexions avec un collectif plus large et d’entendre comment cela résonne chez vous !

Nos réunions nous ont confortés dans l’idée d’une nécessaire articulation des problématiques des différentes Institutions qui structurent notre société. Les difficultés, mutations des uns permettent souvent un éclairage de celles des autres ! Nous espérons que cette rencontre des acteurs sociaux permette de penser un projet social humaniste et solidaire qui fasse sens.

Des espaces de résistance s’organisent dans de nombreux secteurs (justice, éducation, santé…) témoignant de l’urgence à alerter tout un chacun sur les conséquences de ces changements. Nous observons que ces différentes réformes rendent compte d’une même idéologie gestionnaire, formelle, administrative.

Pour lutter contre cette uniformisation déshumanisante, il est fondamental que nous nous réunissions de manière pluridisciplinaire, pluristatutaire, convoquant la diversité, la complexité, la richesse d’un Collectif qui conjugue les différences.

A samedi prochain…
Les derniers détails organisationnels sont réglés. Nous sommes prêts à vous accueillir samedi 20 juin dès 9h (le parking de la maison des associations sera ouvert à cette même heure).

Nous avons hâte de partager nos réflexions avec un collectif plus large et d’entendre comment cela résonne chez vous !

Nos réunions nous ont confortés dans l’idée d’une nécessaire articulation des problématiques des différentes Institutions qui structurent notre société. Les difficultés, mutations des uns permettent souvent un éclairage de celles des autres ! Nous espérons que cette rencontre des acteurs sociaux permette de penser un projet social humaniste et solidaire qui fasse sens.

Des espaces de résistance s’organisent dans de nombreux secteurs (justice, éducation, santé…) témoignant de l’urgence à alerter tout un chacun sur les conséquences de ces changements. Nous observons que ces différentes réformes rendent compte d’une même idéologie gestionnaire, formelle, administrative.

Pour lutter contre cette uniformisation déshumanisante, il est fondamental que nous nous réunissions de manière pluridisciplinaire, pluristatutaire, convoquant la diversité, la complexité, la richesse d’un Collectif qui conjugue les différences.

A samedi prochain…

mardi 9 juin 2009

Pour le 20 JUIN !

Pour une rencontre entre professionnels du social, de la justice, du sanitaire, du secteur médico-social, de l’enseignement, avec les usagers…

Pour échanger sur les questions relatives aux réformes du soin, de l’école, de l’université, de l’accompagnement social, de l’immigration, de la culture…

Pour penser ensemble la façon dont on peut résister aux logiques formelles actuelles (financières, administratives, sécuritaires…) et garantir la spécificité de notre travail dans le champ humain.



Accès au centre de ressources pour les associations

Accès

7, bis rue neuve bourg l'abbé, 14 000 Caen, centre ville.

Comment accéder au Centre de Ressources :

Par bus : lignes 2, 21, 32.

En voiture :Parking disponible dans l'enceinte du Centre.

à Pied ou en Vélo !

Compte rendu de la réunion du 27 MAI 2009

Compte rendu de la réunion du 27 MAI 2009

Lors de cette réunion nous avons continué de préparer le forum du 20 juin prochain :

Les collègues de la psychiatrie publique s’inquiètent de la réorganisation de leur secteur au regard des réformes induites par Loi HPST et le rapport Couty. Il semble que leur intervention à la table ronde du 20 juin s’attachera à sensibiliser les participants quant à l’historique et au sens de la création du secteur psychiatrique, à la déconstruction actuelle et aux conséquences que cela engendre sur les dispositifs de soin proposés aux patients, notamment aux plus fragiles (personnes psychotiques, marginalisées…).

A noter que nos échanges en la matière ce jour témoignent de l’importance de s’interroger sur ces transformations car elles rendent compte d’un réel choix et d’un projet sociétal. Pour exemple, on peut se demander si la disparition de la carte scolaire ne renvoie pas à la même logique à savoir une privatisation des services publics accessibles à tous dans un souci d’équité (nous sommes toujours à la recherche d’un « intervenant éducation nationale »).

N’est-il pas question ici des effets et des limites du libéralisme effréné qui s’est imposé dans tous les secteurs de notre société ? Lors du forum, des intervenants questionneront cette idéologie.
Nos débats ont pu également mettre en lumière le paradoxe qui semble se dépeindre entre libéralisme et logique sécuritaire.

L’individu apparaît dès lors prisonnier d’une double contrainte.

Nous tenons à rappeler que les associations « d’usagers » ont toute leur place lors de ce forum car ils sont les premiers à être frappés par ces transformations.

Pour conclure nous réitérons notre invitation à venir échanger avec nous afin de poursuivre l’élaboration de cette matinée du 20 juin prochain.
La prochaine réunion du comité d’organisation est prévue le lundi 8 Juin à 18 H 30 au Foyer Léone RICHET 121 rue d’Auge à CAEN.

vendredi 29 mai 2009

Prochaine réunion ...

Prochaine réunion le Lundi 8 JUIN, à 18 h 30, Au 121, rue d'Auge.

dimanche 24 mai 2009

Compte rendu de la réunion du 19 Mai

Compte-rendu de la réunion du 19 mai 2009.

Un peu moins de monde en cette veille de week-end « ascensionnel » mais que de perspectives déjà pour cette matinée du Samedi 20 Juin 2009 de 9H à 12H à la Maison des Associations.

L’organisation de la matinée se dessine : après une intervention d’ouverture assez générale, plusieurs intervenants de secteurs professionnels différents prendront successivement et succinctement la parole. Des intervenants sont pressentis dans des domaines variés : justice, politique, social, université, Ligue des Droits de l’homme, psychiatrie. Une ou plusieurs personnes de l’Appel des Appels de Paris seront présents.

L’esprit d’ouverture et de débats interprofessionnels se poursuivent. Cette idée nouvelle chemine, se fraie un chemin à travers certaines résistances.

Nous souhaitons laisser à l’occasion de ce forum une grande place aux réactions et aux rencontres, qui pourront se prolonger au-delà de cette matinée à travers d’autres journées ou réunions pluridisciplinaires.

Nous sommes à la recherche de contact et d’une intervention dans la sphère éducative, concernant notamment le mouvement « Sauvons les Rased ».

Venez participer à ce mouvement lors de la prochaine réunion du mercredi 27 mai à 18H 30 au Foyer Léone Richet 121 rue d’Auge à CAEN.

jeudi 14 mai 2009

APPEL DE CAEN, Rendez vous le 20 JUIN.


L'appel de caen appelle l'ensemble des professionnels à se retouver:

le 20 JUIN, de 9 H 00 à 12 H 00, à la Maison des Associations à Caen.

Compte rendu de la réunion de l'appel de Caen du 5 mai 2009.

COMPTE-RENDU REUNION APPEL DES APPELS DE CAEN : 5 MAI 2009


Au regard des multiples réformes concernant différents secteurs professionnels tels que l’hôpital, la prison, l’éducation, la justice… et dans la continuité des collectifs qui se sont organisés pour lutter contre ces réformes (L’Appel des Appels, La Nuit Sécuritaire…), le CRIC propose la création d’un comité local interprofessionnel : l’Appel des appels de Caen.

Il s’agit d’ouvrir un espace de réflexion sur nos valeurs professionnelles témoignant d’un besoin et d’un désir de parler, d’échanger en dépassant les frontières disciplinaires, statutaires, sectorielles afin que le sujet (ou l’usager) redevienne le cœur de nos préoccupations.

Lors de cette première réunion, nous constatons que les différents mouvements de résistance engagés en début d’année tendent à s’essouffler. Pour autant, il nous semble erroné d’analyser ce phénomène en terme de démobilisation. Il faut du temps pour que les connexions se fassent entre les différents acteurs de ce mouvement désireux avant tout de reconstruire du lien, du lien social, du collectif. Il s’agit d’un engagement à long terme.
Aussi devons-nous accepter les moments de dépressivité concomitants à notre action et garder à l’esprit qu’à ces moments succèdent bien souvent des forces de création importantes. Cette créativité est nécessaire pour lutter contre les attaques de nos pratiques professionnelles et surtout des valeurs humanistes qu’elles sous-tendent.

De même, notre collectif entend réfléchir sur un projet ambitieux qui nous réunit tous, celui du « vivre ensemble ». La dimension du politique dans son acception sociétale semble convoquée. En effet, outre l’attaque du sens de notre travail, il apparaît que des préoccupations sociétales viennent se mêler à nos échanges. Il est impossible de ne pas tenir compte du contexte de « crise » qui frappe notre société.

Pour exemple, les collectifs qui résistent à la refonte de la convention collective 66 semblent rendre compte de la nécessité d’articuler une réflexion sur le sens de notre travail et une réflexion sur les conditions nécessaires pour que ce sens perdure. Il s’agit de refuser une organisation taylorienne du travail qui obéisse à la rationalisation et à la normalisation du travail social dans un état qui se veut de plus en plus sécuritaire et libéral.

Au sein du collectif, nous nous sommes mis d’accord sur cinq dates de réunion pour continuer d’échanger (voir ci-dessous) afin d’organiser une matinée de réflexion ouverte à la Maison des Associations le 20 juin prochain. Ces réunions permettront de préciser le fond et la forme de cette matinée qui sera teintée de témoignages hétérogènes et de débats. Il nous faut dégager des axes de réflexion qui tiennent compte des préoccupations de tous les secteurs.

Pour conclure, on peut déjà annoncer que cette matinée de travail s’achèvera dans la convivialité autour d’un apéritif. Nous attachons beaucoup d’intérêt aux ambiances qui se doivent d’être pensées afin que l’espace soit propice aux échanges et aux rencontres.

Calendrier des réunions :

· mardi 19 mai à 18h30 au Foyer Léone Richet 121 rue d’Auge – 14000 CAEN
· mercredi 27 mai idem
· mardi 2 juin idem
· lundi 8 juin idem
· lundi 15 juin idem

lundi 16 mars 2009

L' APPEL de CAEN


Chers collègues,


Le 31 Janvier 2009, suite à « L’appel des appels », se sont retrouvés, à Paris l’ensemble des professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de l’information et de la culture, qui refusent la fatalité économique qui voudrait que la « faillite » du soin, du travail social, de l’éducation, de la justice, de l’information et de la culture soit inéluctable.

Alors qu’une prochaine coordination nationale de l’appel des appels aura lieu le 22 Mars 2009, nous pensons qu’il est aujourd’hui indispensable de se rencontrer à un niveau local.

Nous, travailleurs du champ social, appelons l’ensemble des professionnels de la justice, de la police, de la gendarmerie, du sanitaire, du médico-social, de l’enseignement, du travail, de l’immigration, de l’information, de la culture, et les élus de la région Basse Normandie à se réunir afin de penser ensemble la façon dont on peut, dans notre travail au quotidien, faire une place à l’autre, dans toute sa complexité.

Aujourd’hui, c’est la même méthode qui est appliquée à toutes les organisations du travail social, celle qui est issue de la fusion des entreprises. Cette méthode ne tient absolument pas compte de la spécificité du travail dans le champ social et de chacun de ses secteurs, tant en ce qui concerne les missions professionnelles, que le contexte dans lequel il s’exerce. De plus, de récentes lois viennent bouleverser le sens de nos pratiques professionnelles et interrogent notre engagement.

Il en résulte un profond mépris des professionnels, de leurs expériences et de leurs savoirs ainsi qu’une profonde méprise sur la façon de penser les remèdes aux problèmes posés.

Aujourd’hui, nous pensons que l’occasion nous est donnée de se rencontrer autrement : ceci, afin de mettre en évidence les alternatives impossibles dans lesquelles nous sommes pris et de susciter, à un niveau local, de nouvelles connexions entre les différents secteurs de travail, nous permettant d’inventer une autre manière d’être ensemble dans la cité.

Il s’agit de se ressaisir afin de renoncer à ces « il faut bien » fatalistes, qui nous empêche de penser d’autres rapports possibles à l’autre que celui d’un rapport de force : celui qui divise la population entre actifs et non-actifs, victimes et bourreaux, normaux et marginaux, « eux » et « nous ».

Il s’agit non de se révolter pour renverser un pouvoir, mais d’être révolté en s’interrogeant ensemble sur notre manière de faire et notre manière d’être aux prises avec les difficultés du quotidien.

Il s’agit de refuser qu’un monde homogène vaille pour tous, en tous lieux et en tous temps.

Il s’agit d’affirmer que l’avenir est toujours à inventer.

Tout cela est possible grâce aux échanges que nous aurons à cette occasion, en apprenant des uns et des autres.


Nous vous donnons rendez vous le 20 Juin 2009, à Caen.
Le lieu sera défini ultérieurement.

Pour en savoir plus :

Rendez-vous sur le site de l’appel des appels : http://www.appeldesappels.org/

Pour s’inscrire à la journée du 20 Juin 2009 : appelcaen@yahoo.fr
Pour les infos locales : http://appeldesappels14.blogspot.com/